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Fonds d’investissement: et si on misait sur le bien-être en entreprise?
Dernière mise à jour le : 03/04/2023

La qualité des liens sociaux en entreprise est représentée par la lettre «S» de l’acronyme ESG ( crédit photo : GettyImages )

La qualité des liens sociaux en entreprise est représentée par la lettre «S» de l’acronyme ESG ( crédit photo : GettyImages )

Les trois critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont rarement mis sur un pied d’égalité. En effet, les épargnants intéressés par l’ISR (Investissement Socialement Responsable) recherchent le plus souvent des investissements «verts». Les choses sont en train de changer, avec l’apparition de fonds dédiés à la lettre «S» de l’acronyme ESG. Ils sont centrés sur des entreprises engagées en matière de qualité de vie au travail. Selon quelle méthodologie s’effectue la sélection ? Comment investir dans ces supports ?

Sommaire:

  • Investissement ESG: mieux comprendre les critères sociaux
  • Bien-être au travail et performance économique
  • Critère social: la difficile évaluation des entreprises
  • Quelles sont les données observées pour satisfaire le critère social de l’ESG?
  • Comment intégrer le critère social dans vos investissements?

Investissement ESG: mieux comprendre les critères sociaux

Le sigle ESG désigne les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance. À eux trois, ils constituent les piliers de l’analyse extra-financière. La lettre «S» concerne la gestion socialement responsable de l’entreprise. Il s’agit de la manière dont elle organise et gère ses relations:

  • en interne avec ses salariés et prestataires,
  • vis-à-vis des différentes parties prenantes: partenaires commerciaux, fournisseurs, sous-traitants ou clients.

Bien-être au travail et performance économique

Les fonds investissant selon les critères ESG ont longtemps mis en avant l’aspect environnemental, au détriment du social et de la gouvernance. Désormais, donner du sens à son épargne, c’est aussi mettre l’accent sur le «S». C’est accompagner des entreprises s’engageant à améliorer le bien-être de leurs salariés. Ces entreprises peuvent s’avérer particulièrement performantes puisqu’il existe une filiation entre la bonne qualité des relations humaines et la productivité des salariés.

Preuve de l’intérêt croissant des milieux financiers pour ces questions, la société de capital investissement Ekkio Capital a chargé Great Place to Work (GPTW) de mesurer la qualité de vie au travail dans les quatorze PME dont elle est actionnaire majoritaire.

Critère social: la difficile évaluation des entreprises

Comment appréhender l’attention portée au «capital humain» et mesurer le bien-être en entreprise? Le règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) a pour objectif d’apporter aux investisseurs davantage de transparence et de visibilité sur le caractère social et environnemental des produits financiers. Après l’adoption d’une taxonomie verte, l’Union européenne travaille désormais à un projet de taxonomie sociale. Elle ambitionne de mettre en place des normes à respecter. Pour le moment, il n’existe pas de méthodologie ou de critères communément admis.

Pour évaluer les entreprises, les sociétés de gestion proposant des fonds socialement responsables créent leur propre grille d’analyse. Pour cela, elles croisent des critères à la fois quantitatifs et qualitatifs. Leur objectif est de mesurer l’empreinte sociale comme on mesure l’empreinte carbone et énergétique. L’un des fonds pionniers comporte 85 critères de sélection. Les gestionnaires s’intéressent généralement à des entreprises de taille moyenne, où la question du bien-être au travail peut faire la différence. Celles-ci sont moins souvent scrutées que les grands groupes.

Quelles sont les données observées pour satisfaire le critère social de l’ESG?

Les conditions de travail sont évaluées à partir de données statistiques:

  • le taux de turnover,
  • le taux d’absentéisme,
  • le nombre d’accidents du travail.

Les politiques sociales et salariales sont passées au crible:

  • durée des congés,
  • nombre de jours accordés pour les naissances,
  • niveau et évolutions de salaire,
  • écarts de salaire…

D’autres critères sont également évalués:

  • le budget consacré à la formation,
  • l’organisation du dialogue social,
  • l’existence éventuelle d’un actionnariat salarié,
  • le sens de l’entreprise: ses missions, ses valeurs,
  • l’autonomie des salariés,
  • l’équité et de respect de la diversité.

En parallèle de ces données chiffrées, des entretiens sont menés avec des membres de l’entreprise, ainsi que d’anciens collaborateurs et des représentants des syndicats. Les analystes s’appuient sur la consultation de sites tels que:

- Great Place to Work, spécialiste de la mesure de la qualité de vie au travail,

- Glassdoor, recensant les avis laissés par les collaborateurs de plus de 6.000 entreprises.

Comment intégrer le critère social dans vos investissements?

La notation ESG ne fait pas de distinction entre les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Elle agrège les analyses en une note unique. Par exemple, lorsque vous faites l’acquisition d’actions en vous basant sur la notation ESG attribuée à une entreprise, la notation englobe les trois critères.

Pour mettre l’accent sur le «S», la meilleure option consiste à choisir des fonds thématiques . Il existe une dizaine de fonds tournés vers la qualité de vie au travail. Un fonds sélectionnant des sociétés engagées en matière de responsabilité sociale peut investir dans tous les secteurs d’activité. Par conséquent, il peut être très diversifié.

Télétravail et absentéisme: le bien-être au travail est facteur de performance financière de l’entreprise

Selon une note de la Fondation Jean-Jaurès publiée en novembre 2022, 35% des personnes adeptes du télétravail ont été absentes au moins un jour en 2021 (contre 32% pour l’ensemble des salariés).

- manque de considération.

- perte de sens vis-à-vis du travail,

- défauts de management de proximité,

- organisation du travail défaillante,

- conditions de travail dégradées,

Une étude menée en 2018 par deux membres de l’Institut de socio-économie des entreprises et des organisations (Iseor) estimait le coût annuel de l’absentéisme à 108 milliards d’euros par an. C’est 4.059 euros par salarié. Les facteurs avancés par les auteurs pour expliquer ces absences étaient majoritairement liés à la qualité de vie au travail: